Inge Boesken Kanold, née en Allemagne, est une artiste peintre qui porte un intérêt particulier pour les couleurs rares, anciennes et perdues. Ses recherches commencent en 1975 durant un long séjour en Asie où elle retrouve les traces de l’indigo, de l’orpiment, l’ocre de Bali, le cinabre, le noir de suie et un blanc récupéré des mâchoires de cochon.

En 1979, elle séjourne au Liban et travaille avec des scientifiques de l’université de Beyrouth sur la fabrication de la pourpre à partir d’un escargot de mer. Les recherches n’aboutissent pas, mais le sujet ne la quittera plus.

Elle s’installe à Lacoste en 1982. Les marchés de Provence lui fournissent les murex dont elle a besoin pour reconstruire en 2001 une cuve de pourpre à l’ancienne, mais ne parvient toujours pas à créer le pigment pour peinture. Elle développe alors une façon très personnelle de peindre en utilisant les taches pourpres éjectées par l’escargot.

Dès l’antiquité, la pourpre a servi en teinture comme colorant très précieux. Mais après la chute de Byzance, en 1453, la fabrication s’est arrêtée et le savoir-faire a disparu.

En octobre 2005, vingt-six ans après les premiers essais, elle réussit finalement à produire le pigment pourpre pour peinture, qu’elle peut utiliser pour ses productions artistiques.

Cette redécouverte d’un pigment perdu confirme les écrits de Pline l’Ancien, qui parlait d’un purpurissum utilisé en peinture.

Pour elle, la couleur même devient sujet de l’œuvre. Toute matière touchant à la pourpre sert à son imagination : les textes anciens, les expériences des scientifiques, la pratique de la teinture…

jusqu’à reproduire des parchemins pourpres dont les secrets de fabrication se sont perdus, tout cela pour retrouver l’image de la pourpre mythique des anciens.

Depuis 2020, elle a repris les autres pigments qui se trouvaient sur ses étagères et se déploie sur des grands formats sans aucune trace de pourpre…